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vagues à l'âme
12 février 2009

Jeudi 12 février 2009 : Belle île : j'y suis, j'y reste ?!

Soleil ce matin. Départ pour le Centre de Protection et d’Information sur la Nature de Belle île : visite naturaliste aux aiguilles de Port Coton. Mikaël et Céline, animateurs nature, m’emmènent sur le site. Sur place, deux familles et quelques individuels nous rejoignent. Octroi des jumelles et en route. Découverte de la sirène de Belle île servant autrefois de corne de brume, observation de flore (obione, plantain en coussin, armérie etc.) et faune ailée (goélands, huîtriers, cormorans huppés, pigeons bizets gris et vert mais blancs en vol, tournepierres) grotte de l’étoile à marée basse.

de_Port_Coton___la_plage_de_Kerel_grotte_de_l__toile


Je me rappelle mes propres observations depuis le début de la semaine : nombreux faisans peu sauvages (sauf que les derniers lâchers datent d’un demi siècle), une chouette effraie (ou du moins son cadavre au bas de cyprès bordant la route : victime de la tempête ?), les classiques du bord de mer et un rapace non identifié.

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Sortie très sympa, familiale, qui rappelle les bonnes bases naturalistes. Peut-être un coup à boire avec Céline demain soir vers 18 heures : le rendez vous est donné, devant la maison de la Nature. Si je ne suis pas partie… Posée dans un vallon abrité du vent de terre (qui serait de mer de l’autre côté de l’île), au soleil qui joue à cache-cache, sur un tendre coussin de végétation, je repose un bon début de tendinite (?) qui me titille depuis hier. Marcher me pèse. J’ai décidé de rester sur la côte sauvage pour la journée, tranquille, plus de randonnée de 25 kilomètres. Trop de dénivelé en peu de temps ? Trop soif de paysage….

de_Port_Coton___la_plage_de_Kerel__4_


Mikaël m’a conseillé d’aller bodysurfer aux Donnants mais, là aussi, le tendon d’Achille m’est trop douloureux pour enfiler des palmes et me risquer dans un mètre cinquante de rouleaux. 

En attendant, repos au soleil en croquant un biscuit. Absorption de paysage par toute entrée : oreilles, yeux, narines même mains (toucher et dessin).

C’est vrai que les bruits ne manquent pas ici, sauf à Sauzon où le silence fut impressionnant. Vent qui se faufile sous le bonnet pour siffloter aux oreilles, houle contre les falaises de schiste, parfois coup de butoir parfois doux ressac de la plage, cris des oiseaux autant piaillement des goélands que raucité des corbeaux ou sifflement strident des huîtriers, klang klang des coquilles saint Jacques suspendues par les enfants à Port Gwen (photo ci dessous), chuchotement des herbes effleurées ou étrillées par le vent, ruisseaux de diverses tailles murmurant au fond des vallons.

du_Palais___Port_Andro___land_art_des_enfants___port_gwen_4_


Mmmm, comme il est bon ce soleil qui réchauffe corps et cœur. Appétits intenses réveillés en moi de découverte, de voyage, de partage, d’intensité, d’amour. Comme une quête soudaine et violemment intense.

Je suis le vent, je suis la houle, je déferle, je m’étale, envie de tout toucher, tout recouvrir. Je suis la falaise léchée par la mer, je suis le goéland qui joue dans les remous du vent, je suis les nuages voyageurs flottant au dessus de mille mondes, je suis l’ajonc qui fleurit en hiver, comme pour narguer la flore endormie alentours. Je suis le soleil qui darde ses rayons entre des paquets de coton céleste, je suis les gens que je croise et que je côtoie, je suis leurs sourires, je suis leurs larmes. Je suis vivante et bien là, omniprésente mais invisible. Je suis les milles mains qui aident chaque fleur à s’ouvrir au soleil, à éclore dans toute sa beauté.

Arrêt.


de_Port_Coton___la_plage_de_Kerel__5__port_K_rel


En accédant à Port Kérel, échancrure profonde à l’intérieur de l’île, je passe un énième petit vallon mais encore différent. Salut et conversation à un pin qui pousse entre mer et montagne, au pied d’un ruisseau chantant. Quelques dizaines de pas m’emportent dans un nouveau creux de verdure, tapissé de lierre, aux arbres sculptés comme en arrêt dans une danse folle, sarabande muette jouée par le vent et la terre. L’un d’eux fait une arche en longeant le murmure d’un filet d’eau. Une cascade minuscule arrose le lieu de son refrain entêtant et le tout est couronné par le soleil qui me chauffe discrètement à travers les branchages et projette des ombres farfelues sur l’humus, la mousse et le lichen. Jardin zen simple et en vacance, comme moi. Les saules pointent leurs multiples branches fines sur le fond bleu du ciel et mon cœur résonne encore une fois des images, des émotions et mots. Joie et sérénité.

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Trouvé l’endroit idéal pour finir la journée. Face au soleil et à l’abri du vent, au pied de la citadelle Vauban, en contrejour et pour décor les quais du Palais et les bateaux qui rentrent au port.

Terminé ma ballade à Port Kérel. Sur la plage, cherchant mon chemin pour revenir en terre, à Bangor via Grand Village, je hèle trois enfants qui jouent et chahutent dans de vifs éclats de rires. Ils me proposent naturellement de rentrer à Grand Village avec eux dans je leur demande le chemin, puisque c’est le leur. Grands enfants, grandes fillettes plutôt, une ilienne et deux presqu’ilienne, de lien de famille, de vacances et de fins de semaine.

Nous cheminons dans le calme du vallon jusqu’à notre point de chute en devisant sur Belle île, ses habitants et ses légendes. Une petite marche boitillante me portera jusqu’à Bangor et je suis prise en stop par un vieux monsieur en quatre-quatre qui va au Palais. Le véhicule s’explique rapidement : il est médecin de campagne retraité et a exercé ici depuis les années 1970. Plus intéressant selon lui, car sans redirection automatique de ses patients vers des spécialistes divers et variés, plus dans l’action. Il me dépose au cœur de Palis, sur le port, où je croise aussitôt Anne et Joël à vélo, qui restent une nuit de plus. J’apprendrais une heure plus tard que ce gentil monsieur est le maire de Bangor et qu’il est alcoolisé en quasi permanence. Ce qui ne m’aura pas empêché d’apprécier sa conversation et son véhicule.

Aujourd’hui je suis en paix. Elle m’a ouvert les bras cet après midi et nous ne formons qu’une maintenant.

Le soleil s’est planqué, je rentre. :-)

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